ƒuvrede Vermeer n'Ă©tait pas trĂšs texturĂ©, mais beaucoup de coups de pinceau sont visibles, en particulier sur les points saillants et chiffon. ‱ Ouvrez ou crĂ©ez une palette de nuances de gris. Vermeer ou « le sphinx de Delft ». Cette expression, forgĂ©e au XIXe siĂšcle, a figĂ© la personnalitĂ© de Johannes Vermeer (1632-1675) dans une pose Ă©nigmatique et solitaire. Cet ouvrage original permet au contraire de dĂ©couvrir que ce gĂ©nie universel s’inscrivait dans un riche rĂ©seau d’influences, trĂšs loin du splendide isolement avec lequel il fut longtemps associĂ©. MarkGertler,1918. Le peintre s’étudie deux fois : dans la boule et dans la bouteille. Le reflet nous le montre seul et paisible dans son atelier : mais nous le voyons attaquĂ© dans le dos par un samouraĂŻ armĂ© d’un sabre. Miroir rond comme un cou tranchĂ©, bougie dĂ©capitĂ©e : cet exercice de style est encore une VanitĂ©. Vay Nhanh Fast Money. Au mois de fĂ©vrier 1945, Göring fait procĂ©der Ă  l'Ă©vacuation de toutes les collections se trouvant dans son chĂąteau de Carinhall avant de le faire sauter et d'aller rejoindre Adolphe Hitler Ă  Berstengaden. Plusieurs trains remplis de tableaux et d’Ɠuvres d'art pillĂ©s en Europe partent en direction des Alpes autrichiennes. Lors de la campagne d'Allemagne de 1945, les hommes appartenant Ă  la section des Monuments des Beaux-Arts et des Archives, une unitĂ© créée par le prĂ©sident Roosevelt, vont dĂ©couvrir prĂšs d'un millier de dĂ©pĂŽts d’Ɠuvres d'art volĂ©es par les Nazis ! Les Monuments men », des spĂ©cialistes dans le domaine des Arts, sont chargĂ©s de prĂ©server le patrimoine culturel europĂ©en et de retrouver les Ɠuvres d’art volĂ©es afin de les restituer Ă  leurs propriĂ©taires lĂ©gitimes l'URSS disposait de la Brigade des TrophĂ©es. Les AmĂ©ricains vont dĂ©couvrir 6577 tableaux au fond des galeries et derriĂšre des portes blindĂ©es de la mine de sel d'Altaussee ! Et non des moindres la Vierge Marie de Van Eyck - le retable de Gand - l'Atelier et l'Astronome de Vermeer - la Madone de Bruges, etc., toiles provenant de la collection personnelle du feld marĂ©chal Hermann Göring. ­Parmi celles-ci figure un Vermeer non rĂ©pertoriĂ© ! Le Christ et la femme adultĂšre, tableau achetĂ© en 1942 par Hermann Goering pour florins auprĂšs d'Alois Miedl, ancien banquier allemand naturalisĂ© Hollandais devenu marchand d'art qui l'avait acquis de Han Antonius Van Meegeren. Han Van Meegeren est nĂ© en 1889 dans une banlieue d'Utrecht Pays-Bas. Jeune homme il se rebelle contre l'autoritĂ© d'un pĂšre, un instituteur rigide, qui entend le dĂ©tourner de sa vocation artistique. Han va se lancer corps et Ăąme dans la peinture et s'inscrire aux Beaux-Arts. Il va devenir un portraitiste apprĂ©ciĂ© et obtenir de nombreuses commandes de tableaux avant de devenir marchand d'Art et restaurateur. Son professeur, Bartus Korteling, considĂ©rait que l'Ăąge d'or de la peinture hollandaise s'est Ă©teint Ă  la fin du XVII Ăšme siĂšcle. La mode est passĂ©e au postimpressionnisme de Van Gogh 1853-1890. En 1928, Han achĂšte lors d'une vente aux enchĂšres, un tableau de Frans Hals pour lequel , il a investi toutes ses Ă©conomies. Il va restaurer la toile avec application et la remettre sur le marchĂ© en espĂ©rant en tirer un bĂ©nĂ©fice substantiel. Tout le petit monde de l'Art jubile, on est en prĂ©sence d'un tableau du grand maĂźtre, sauf Abraham Bredius l'expert le plus reconnu de l'Ă©poque. Van Mereegen est bien dĂ©cidĂ© Ă  prouver Ă  cet incompĂ©tent qu'il est atteint d'une cĂ©citĂ© artistique. L'artiste divorce et quitte La Haye en 1932 en compagnie de sa muse pour s'installer à Roquebrunne Cap-Martin oĂč il décide de créer le faux parfait ». Il porte son choix sur Jan Van der Meer Van Delft 1632-1675, mort dans la misĂšre, sa famille criblĂ©e de dettes. Son projet va le tenir en haleine durant cinq annĂ©es avant de parvenir Ă  imiter les craquelures des vieux tableaux qui ne commencent Ă  apparaĂźtre que prĂšs de 80 annĂ©es aprĂšs la peinture. En 1934, il achĂšte une croĂ»te » datant de 1690 dont il en ĂŽte la couche picturale en la frottant avec de pierre ponce, la toile nettoyĂ©e, il y peint en sept mois, Les PĂšlerins d'EmmaĂŒs Ă  la façon Vermeer ». Ses pinceaux et brosses sont en poils de blaireau comme ceux qu'utilisait Vermeer lui mĂȘme. La prĂ©caution n'est pas anodine, un expert qui dĂ©couvrirait un poil de porc sur la toile subodorait la supercherie immĂ©diatement. Van Meeregeren prépare ses pigments en se servant des matériaux de l'époque la cĂ©ruse pour le blanc, le lapis-lazuli pour le bleu, la cinabre pour le rouge. Le sĂ©chage total d'une peinture Ă  l'huile est lent, une cinquantaine d'annĂ©es ! Les experts s'assurent de l'authenticitĂ© d'une Ɠuvre en frottant un coin de la toile avec un tampon imbibĂ© d'alcool. Les pigments d'un tableau ancien se sont polymĂ©risĂ©s avec le temps et résistent au test Ă  l'alcool ». Van Meegeren a trouvĂ© la parade, il mĂ©lange les pigments avec du phĂ©nol-formaldĂ©hyde "rĂ©sine" de bakĂ©lite qui durcit rapidement lorsqu'il est porté Ă  100° C, et de froisser la toile pour obtenir de fines craquelures avant d'y rĂ©pandre une poudre grisĂątre, mĂ©lange de cendres et de noir de fumĂ©e imitant la poussiĂšre accumulĂ©e au fil du temps ! Une part du génie de Han Van Meegeren repose sur le choix d'un thème vermeerien ». Meegeren sait que l'expert qui sera dĂ©signĂ© pour l'authentification du tableau, Abraham Bredius, soutient que Vermeer a été influencé par le peintre lombard Le Caravage 1571-1610. Le Caravagisme est l'une des composantes de l'art hollandais du XVII° siĂšcle recherche de naturel et de rĂ©alisme, et Vermeer reprĂ©sente l'Ăąge d'or des peintres de l’École flamande Bruegel 1568-1625, Rubens 1577-1640, Hals 158 ?-1666, Van Dyck 1599-1641, Rembrandt 1606-1669 et quelques autres. Han Van Meegeren ne va pas s'abaisser Ă  rĂ©aliser de vulgaires copies d’Ɠuvres existantes, il va peindre Ă  la façon de Vermeer et produire des toiles restĂ©es inconnues ». Vermeer n'a laissĂ© aucun document de travail. Sur les quarante-cinq toiles attribuĂ©es au peintre, trente-sept seulement sont rĂ©pertoriĂ©es, 26 scĂšnes de genre, et on ne lui connaĂźt qu'une scĂšne religieuse Le Christ dans la maison de Marthe et Marie 1656. Le Christ Ă  EmmaĂŒs » Les disciples d'Emmaüs, une toile de 115 x 127 cm, va lui prendre quatre annĂ©es. Au mois de novembre 1937, Abraham Bredius est dithyrambique Nous avons ici un chef-d’Ɠuvre, je dirais le chef-d’Ɠuvre de Vermeer, un de ses tableaux les plus grands par ses dimensions, une Ɠuvre totalement diffĂ©rente de toutes les autres, et dont pourtant chaque pouce ne peut ĂȘtre que de Vermeer ». La toile est dans un Ă©tat de conservation exceptionnelle et n'a pas Ă©tĂ© restaurĂ©e, regardez ces bleus et ces jaunes ! Aucun doute n'est permis, il s'agit d'une Ɠuvre majeure de Johannes Vermeer peinte vers 1650. Le tableau est achetĂ© par le musĂ©e Boymans Rotterdam pour la somme de florins. TransportĂ© par ce premier succĂšs, Han va s'enhardir et faire fortune. Les annĂ©es suivantes voient apparaitre La CĂšne - Jacob bĂ©nissant Isaac - Le Christ et la parabole de la femme adultĂšre - le Christ aux outrages. L'invasion de la Hollande par les armĂ©es allemandes va lui apporter de nouveaux clients. Han Van Mergeeren peint La LavandiĂšre - Le Lavement des pieds, tableau achetĂ© par l’État hollandais en 1943. A la libĂ©ration de la Hollande, Han Van Mergeren est arrĂȘtĂ© le 29 mai 1945 et emprisonnĂ© pour pillage de trĂ©sors nationaux hollandais au profit de l’ennemi », crime pour lequel il encourt la peine de mort ! AprĂšs trois jours de prison, il avoue que le Vermeer qu’il a vendu est un faux et qu'il en est l'auteur ! Durant les six annĂ©es passĂ©es Ă  Roquebrune Cap-Martin, il n'a pas seulement peint quelques Vermeer, mais aussi des Frans Hals - Pieter de Hooch - Gerard ter Borch dont certains sont accrochĂ©s dans les plus grands musĂ©es. L'ego d'Abraham Bredius l'empĂȘche d'admettre qu'il a été dupé. Van Meegeren propose au tribunal de peindre un Vermeer ». Entre juillet et novembre 1945, il exĂ©cute Le Christ au temple ou JĂ©sus enseignant dans le temple, les dĂ©nominations changent selon les sources devant une commission d’experts commanditĂ©e par le tribunal. Ceux-ci doivent se rendre Ă  l’évidence, Meegeren est un faussaire. Son procĂšs s'ouvre Ă  Amsterdam au mois d'octobre 1947. Han Van Meegeren contre-attaque, en fourguant » des faux aux Nazis, il leur a extorquĂ© de fortes sommes et a fait acte de rĂ©sistance... L'audience est expĂ©diĂ©e en une journĂ©e, Han Van Meegeren est condamnĂ©, comme faussaire, Ă  un an de prison. Il succombe Ă  une crise cardiaque aprĂšs deux semaines passĂ©es derriĂšre les barreaux, le 30 dĂ©cembre 1947. Han Van Meegeren est devenu un hĂ©ros national pour avoir bernĂ© l'occupant, et les toiles signĂ©es de sa main vont prendre de la valeur et ĂȘtre contrefaites... L'un de ses faux Vermeer a Ă©tĂ© vendu aux enchĂšres Ă  Paris sous le nom de Van Meegeren en 1995... Le musĂ©e Boijmans Van Beuningen Ă  Rotterdam lui a consacrĂ© une exposition en 2010. Pour les amateurs, Le dernier Vermeer », film romancĂ© sorti en mars 2021 Ă  voir quand les salles rouvriront. Les spĂ©cialistes et fins connaisseurs de Vermeer se demandent comment ce tableau de Hans van Meegeren "Jesus Preaching in the Temple" avec ses visages de cartoon aux yeux globuleux est passĂ©, comme beaucoup d'autres du mĂȘme faussaire, pour un vĂ©ritable Vermeer ». On ne connaĂźt pratiquement aucun tableau religieux peint par Vermer ! Jean-Jacques Breton avance une explication l’important dans le faux n’est pas tant l’époque dont il est supposĂ© dater que l’époque Ă  laquelle on le regarde. A savoir il faut qu’il ait l’air vrai pour les spectateurs auxquels il s’adresse, qu’il corresponde Ă  la conception historique que l’on se fait de l’Ɠuvre supposĂ©e. ... MĂȘme si les faux de Van Meegeren nous paraissent grotesques, ils nous apprennent la relativitĂ© de la perception. Il n'y a pas de rĂ©alitĂ© de l'image, il n'y en a que des lectures des images. Notre vision est toujours dĂ©jĂ  investie d'une reprĂ©sentation. En 1940, lorsqu'on regarde la Jeune Fille Ă  la perle 1665 de Vermeer
 c'est exactement comme si l'on voyait ça, un autre faux dĂ» Ă  Van Meegeren. Il faut des dĂ©cennies et que l'Ɠil s'habitue, pour que la caricature, grimaçante, devienne Ă©vidente ». Le vulgum pecus est toujours surpris lorsqu'un collectionneur s'offre une toile d'un grand maĂźtre ou celle d'un artiste mineur pour une somme rondelette. Le marchĂ© de l'Art reste un entre-soi rĂ©unissant des esthĂštes et des spĂ©culateurs suivant la loi du marchĂ© de l'offre et la demande. Dans les annĂ©es 1900, Berheim accumula des Van Gogh auquel personne ne s’intĂ©ressait, le slogan d'alors, Faites comme votre pĂšre, achetez un inconnu qui sera le Renoir de demain » ! Combien d'entre-nous ont achetĂ©, dans les annĂ©es soixante-dix, des lithographies signĂ©es Dali, TrĂ©mois, etc., pensant rĂ©aliser une plus value Ă  moyen terme. Le marchĂ© de l'Art n'est pas la Bourse, il rĂ©pond Ă  de nombreux alĂ©as dont celui de la mode. Les DerniĂšres cartouches de Neuville, tableau achetĂ© francs-or en 1890, fut revendu francs Ă  l'HotĂȘl Drouot en 1949 ! Vengeance posthume. Han Van Meeregen a rĂ©ussi Ă  semer le doute Il n'y a peut-ĂȘtre mĂȘme aucun autre peintre [Vermeer] dont l'Ɠuvre officiellement reconnue contienne un pourcentage de " faux " aussi Ă©levĂ© ». En 1960, un collectionneur belge de passage Ă  Londres Ă  un coup de cƓur pour la Jeune Femme assise au virginal, une toile d'une vingtaine de centimĂštres exposĂ©e dans la vitrine d'un marchand d'Art. Celui-ci le met en garde, il s'agit d'un ex Vermeer » dĂ©classĂ© en 1947... La toile est soumise aux experts du Metropolitan Museum en 2003, la science moderne va parler ». Cette toile dĂ©classĂ©e a bien Ă©tĂ© peinte par Vermeer autour de 1670. Le 7 juillet 2004, le tableau est adjugĂ© pour 24,2 millions d'euros lors d'une vente aux enchĂšres ! °°°°°°°°°°°°°°°°°°°°° AccueilArtsLe chef-d’Ɠuvre de Vermeer a Ă©tĂ© passĂ© Ă  la loupe durant 48 heures, Ă  la joie des conservateurs et du grand public.“Elle a tout de mĂȘme 356 ans cette Jeune Fille“, rappelle Émilien Leonhardt au sujet du cĂ©lĂšbre modĂšle peint par Vermeer en 1665. “Et c’est assez incroyable de se dire qu’elle a rĂ©sistĂ© Ă  tout ce temps, des guerres, des feux, des tremblements de terre et on aimerait qu’elle soit encore visible dans de bonnes conditions dans 300 ans”, justement dans ce but que lui et Vincent Sabatier ont Ă©tĂ© appelĂ©s, en 2018, Ă  participer au projet “Girl in the Spotlight”, sur demande du musĂ©e nĂ©erlandais Mauritshuis. Deux ans plus tard, les rĂ©sultats de leur analyse microscopique sont tombĂ©s. C’était la premiĂšre fois depuis 1994 que le tableau Ă©tait analysĂ©, et ce par une petite dizaine d’équipes diffĂ©rentes et leurs technologies Ă  rayons X, infrarouge ou UV par exemple.Émilien Leonhardt et Vincent Sabatier de la firme Hirox, dĂ©diĂ©e Ă  la microscopie numĂ©rique ont ainsi examinĂ© La Jeune Fille Ă  la perle en public, afin d’aider les conservateurrices du musĂ©e Ă  “examiner la surface du tableau, les techniques et matĂ©riaux utilisĂ©s et leur provenance”. Pendant 48 heures, ils ont passĂ© l’Ɠuvre Ă  la loupe Ă  l’aide d’un microscope de trĂšs haute prĂ©cision, une camĂ©ra montĂ©e sur un systĂšme de lentille haute rĂ©solution et une optique au grossissement Mauritshuis leur avait demandĂ© quelques inspections microscopiques de l’Ɠuvre. Émilien Leondhardt en a profitĂ© pour aller plus loin en scannant l’intĂ©gralitĂ©, proposant ainsi le plus grand panorama du monde d’un tableau avec un tel niveau de dĂ©tails. Le panorama en question est constituĂ© de dix milliards de pixels de quatre microns chacun sachant qu’un micron est Ă©gal Ă  un milliĂšme de millimĂštre et 9 100 photos comprenant chacune cinquante images. En une nuit, le logiciel a donc capturĂ© prĂšs d’un demi-million de photos du prĂ©cision inĂ©ditePour percer Ă  jour les secrets du tableau, l’équipe a installĂ© un double systĂšme d’éclairage une lumiĂšre latĂ©rale et une lumiĂšre annulaire pour Ă©viter le reflet du vernis. Ensuite, et “pour faire simple”, prĂ©cise Émilien Leonhardt, le logiciel a scannĂ© “en serpentin” le tableau sur plusieurs axes, de gauche Ă  droite, de haut en bas et en profondeur. Cet examen en trois dimensions a permis de rĂ©vĂ©ler les secrets de la crĂ©ation du tableau “L’inspection au microscope 3D Hirox nous a montrĂ© des dĂ©tails de la fille que nous n’avions jamais observĂ©s auparavant. À un grossissement de 35 fois, nous pouvons voir les poils individuels de ses cils et Ă  140 fois, les particules de pigment qui donnent Ă  la peinture sa couleur. En regardant les coups de pinceau de Vermeer en 3D, nous apprenons entre autres comment Vermeer appliquait ses touches de peinture. Nous pouvons voir et mesurer la hauteur des petits points et des doubles points qui rendent la texture de ses vĂȘtements si rĂ©elle”, rapporte Abbie Vandivere, conservatrice au rĂ©vĂ©lations ouvertes au grand publicCette analyse microscopique menĂ©e en 2018 est inĂ©dite pour plusieurs raisons d’une part pour la taille et la qualitĂ© du panorama créé, mais aussi et surtout pour l’accessibilitĂ© de ce dernier. Émilien Leonhardt a mis en ligne ce panorama lourd de dix milliards de pixels grĂące Ă  un systĂšme semblable Ă  Google Maps, permettant de zoomer trĂšs prĂ©cisĂ©ment sur des zones du tableau depuis son ordinateur ou mĂȘme son tĂ©lĂ©phone. Ainsi, le projet vise le public trĂšs averti des spĂ©cialistes autant que le grand Ă©tude s’inscrit dans un projet de longue durĂ©e comparer les rĂ©sultats de 2018 Ă  ceux de 2050 pourrait permettre de comprendre les effets des restaurations du tableau ainsi que le vieillissement de l’Ɠuvre comme “la propagation des craques, si les pigments changent de couleur ou les rĂ©actions chimiques”, Ă©numĂšre Émilien du projet, souligne-t-il, Ă©tait de “montrer l’inspection en temps rĂ©el au public, de partager quelque chose qui est habituellement cachĂ© et de mettre en lumiĂšre l’intĂ©rĂȘt et l’importance du travail des restaurateurs qui gardent en vie des Ɠuvres se dĂ©gradant avec le temps”.Le site prĂ©sentant les rĂ©sultats de cette analyse met Ă  disposition le tableau entier ainsi que dix zones davantage zoomĂ©es Ă  140 fois contre 35 fois pour l’Ɠuvre entiĂšre, oĂč un pixel Ă©quivaut cette fois-ci Ă  un micron. De quoi se balader au plus proche de La Jeune Fille Ă  la perle, en deux dimensions ainsi qu’en trois, afin de presque s’imaginer toucher sa texture, avec les yeux, et d’entrer un peu dans la tĂȘte du peintre, mĂȘme Ă  distance et trois siĂšcles et demi plus pouvez retrouver les vues microscopiques et 3D de La Jeune Fille Ă  la perle voir aussi sur Konbini Vilhelm Hammershoi, "Cinq Portraits", 1901-1902. © Thielska Galleriet / Tord Lund Ses intĂ©rieurs Ă©purĂ©s, traversĂ©s par un rai de lumiĂšre, et ses silhouettes, qui semblent surgies d'un rĂȘve, font de lui le plus emblĂ©matique et le plus mystĂ©rieux peintre danois de son temps. On le surnomme volontiers le "Vermeer danois", tant la dĂ©licatesse de ses clairs-obscurs rappelle celle du maĂźtre flamand deux siĂšcles plus tĂŽt. Vilhelm Hammershoi 1864-1916 n'a pas livrĂ© tous les secrets d'une oeuvre Ă  contre-courant de son Ă©poque. ComplĂštement impermĂ©able aux influences, il reste alors "dans son monde". Si la tendance est aux compositions dĂ©taillĂ©es, dĂšs le plus jeune Ăąge il intĂšgre l'AcadĂ©mie des Beaux-Arts de Copenhague Ă  l'adolescence, avant de rejoindre la bande alternative des Ateliers indĂ©pendants Ă  19 ans, l'artiste portraiture ses proches sur un fond neutre en leur refusant toute psychologie, Ă  l'instar d'Ida, sa future femme, qui semble absorbĂ©e par d'insaisissables pensĂ©es. On la retrouve, plus tard, de dos ou nuque penchĂ©e, occupĂ©e Ă  quelque tĂąche simple, dans les intĂ©rieurs qui feront la cĂ©lĂ©britĂ© de l'artiste. Vilhelm Hammershoi, "Hvile" dit aussi "Repos", 1905.© RMN-Grand Palais musĂ©e d'Orsay / RenĂ©-Gabriel OjĂ©da"Pas une des figures peintes par Hammershoi ne regarde le spectateur", note Jean-Loup Champion, co-commissaire de l'exposition prĂ©sentĂ©e au musĂ©e Jacquemart-AndrĂ©, Ă  Paris. Et quand il campe plusieurs personnages cĂŽte Ă  cĂŽte, aucune interaction n'opĂšre entre eux. C'est flagrant dans les Cinq Portraits, une rĂ©union d'amis artistes oĂč chacun fixe un point diffĂ©rent sans autre forme de rencontre. Le Danois considĂ©rait cette toile monumentale comme sa peinture maĂźtresse, bien qu'elle fit scandale, par son Ă©vidente modernitĂ©, lors de sa premiĂšre prĂ©sentation publique, en 1902. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement Moins connus, les paysages et les nus fĂ©minins tĂ©moignent du mĂȘme dĂ©pouillement clinique. Ces derniers, rĂ©alisĂ©s au cours des annĂ©es 1910, montrent des visages au regard absent et des corps dĂ©pourvus d'idĂ©alisation, traitĂ©s dans des gris austĂšres sur un fond lugubre. Qu'a en tĂȘte le peintre devant son chevalet ? Ce taciturne n'a rien Ă©crit, rien dit, rien explicitĂ© de sa dĂ©marche artistique, Ă  l'inverse de sa mĂšre, Frederikke, qui, dĂšs 1885, concocte des scrapbooks avec toutes les coupures de presse relatives Ă  son fils. Vilhelm Hammershoi, "Nu fĂ©minin", 1910.© Pernille KlempLa palette rĂ©duite, aux frontiĂšres du monochrome, la mĂ©lancolie dĂ©gagĂ©e par une subtile gamme de gris, la clartĂ© froide des reflets, tout cela confĂšre Ă  l'univers de Wilhelm Hammershoi une Ă©trangetĂ© onirique. Cet "introverti, presque monomaniaque" - dixit Pierre Curie, l'autre homme-orchestre de l'exposition parisienne - a bourlinguĂ© un peu partout, de Venise Ă  Londres, en passant par Paris, Bruges ou Amsterdam, mais nulle trace de ses voyages sur la toile il ne peint que les personnes de son entourage et les piĂšces de l'appartement qu'il occupe, avec Ida, au 30, Stradgade, puis au 25, Bredgade, Ă  Copenhague. "Rendre visite Ă  l'artiste chez lui, c'est comme pĂ©nĂ©trer Ă  l'intĂ©rieur de l'un de ses tableaux", relate un journaliste, en 1911. Vilhelm Hammershoi, "Rayon de soleil dans le salon", 1903.© Erik Cornelius NationalmuseumCar Hammeshoi n'a pas d'atelier propre, il travaille dans son cadre de vie quotidien. C'est lĂ  qu'il dĂ©pouille ses intĂ©rieurs de tout dĂ©tail superflu et, parfois, de toute prĂ©sence humaine, poussant l'art de l'Ă©pure Ă  l'extrĂȘme, avec un travail sur les lignes et la lumiĂšre quasi gĂ©omĂ©triques. Sous son pinceau, la poĂ©sie surgit du vide et du halo. Une oeuvre "immobile, immuable, suspendue dans l'espace et dans le temps", rĂ©sument les commissaires. C'est sans doute ce qui explique la fascination qu'elle n'en finit pas d'exercer. "Vilhelm Hammershoi dans le salon de Bredgade 25", vers 1912.© The Royal Danish Library Hammershoi. Le maĂźtre de la peinture danoise. Au musĂ©e Jacquemart-AndrĂ©, Paris VIIIe, jusqu'au 22 juillet. La note de L'Express 18/20. Les plus lus OpinionsLa chronique de Vincent PonsVincent Pons, avec Boris VallĂ©eLa chronique de Marion Van RenterghemPar Marion Van RenterghemLa chronique de Sylvain FortPar Sylvain FortLa chronique du Pr Gilles PialouxPar le Pr Gilles Pialoux

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